Chili Express

 

Le Chili ? ouais, mais vite fait hein, chui fauché...

 

 

Après une semaine plutôt moyenne, j'ai à cœur de repartir du bon pied dans un nouveau pays. Me voilà donc au Chili, à Santiago. La première chose qui saute aux yeux là-bas, ce sont les graffitis. Ils sont omniprésents. Et attention, je ne parle pas ici de ces affreuses écritures du style « wesh ta vu ? 93 repraisante, spéssial kassdédi ala famiy » non, non, ici nous avons droit à de belles fresques colorées et travaillées. De magnifiques œuvres d'art. Ayant cependant entendu dire que Santiago ne présente que peu d’intérêts comparée à Valparaiso, je n'ai prévu que deux jours là-bas. C'est suffisant pour visiter la ville. Au milieu de la ville, trône une colline abritant un parc, un zoo et en son sommet, la statue de la vierge-Marie-de-l'immaculée-conception (faisons simple) qui est à Santiago ce que le Christ rédempteur est à Rio de Janeiro. Bien que la statue ne soit pas aussi monumentale que celle de Jésus au Brésil, tout le sommet est dédié à la foi chrétienne, avec une musique à se pendre de tristesse et des croix partout, chacune montrant une différente représentation du messie crucifié, toute plus sanglantes les unes que les autres... Déprimant. En tout cas, la vue sur Santiago est imprenable depuis cet endroit. Je rencontre également Adriana, une chilienne qui m'a gentiment proposée de me faire découvrir le cœur de la ville. Avec elle, je découvre le centre culturel. Les petits cinémas d'arts et d'essais, les musées, les monuments importants et les quartiers populaires.

 

Nous nous arrêterons finalement sur l'avenue Pio Nono (comprenez la rue de la soif) pour tester ZE boisson locale : le Terremoto !! Alors, ce truc-là, vu tout ce qu'on m'en a dit, je m'attend plus à un cocktail Molotov qu'à une bonne boisson à apprécier entre potes. La légende urbaine raconte qu'après avoir avalé ce cocktail de la mort qui tue, le sol se dérobe sous tes pieds lorsque tu te lèves, et qu'il te serais impossible de mettre correctement un pied devant l'autre !! Au vu de sa divine puissance, les chiliens craindraient cette boisson qui n'est aujourd'hui réservée qu'à l'élite de la société !! Je me devais, au nom de la France, de relever ce défi !!!

 

Bon ok, peut-être que je romance un petit peu sur la fin. Mais, vous l'aurez compris, le terremoto (« tremblement de terre » en bon françois) tire son nom de l'effet soudain et désorientant qu'il a sur ses victimes (mouhahaha). J'étais curieux d'essayer cette boisson, nationale ici mais totalement inconnue en Europe. Bref, la recette est simple, remplissez (bien) le fond d'une chope à bière de sirop de grenadine (mais bien hein), remplissez le reste de vin blanc pas cher, recouvrez le tout d'une énooooorme boule de glace à l'ananas et... Voilà. Vous avez désormais entre les mains l’iconique terremoto. Bon c'est clair que la recette casse pas trois pattes à un canard, bien qu'originale, mais bon c'est une jolie création. Allez, santé !!

 

Trois jours plus tard, je me réveille dans une chambre à Mexico city, entouré d'un poney en string, de trois mariachis en robe de curé et de quatre énormes sacs remplis de kits pour fajitas et burritos. Mais que s'est-il passé enfin ??

 

Bon, je plaisante évidemment, je suis toujours à Santiago avec Adriana à siroter mon terremoto. Je comprend tout de suite pourquoi ce breuvage est dangereux pour l'équilibre. C'est extrêmement sucré !! Et avec la quantité d'alcool contenue, il suffit de se mettre debout pour que tout vous monte instantanément à la tête et vous fasse l'effet d'un tremblement de terre. Cependant, c'est tellement sucré qu'il est vraiment impossible de boire plus de deux gorgées d'affilé sans avaler un litre d'eau (à moins de se lancer un défi à la con). Adriana dit bien elle-même que les chiliens ne boivent que très rarement ce cocktail, ils en ont d'autres bien plus forts et bien meilleurs !!

 

Bien, fermons cette parenthèse boissons locale (je pourrais vous faire tout un article dessus tellement il y en a) et revenons au voyage. Me voici arrivé à Valparaiso, à une heure et demie de la capitale. Cette ville au bord de l'eau est carrément hallucinante !! c'est une fresque à part entière tellement les peintures de rue y sont nombreuses !! chaque maison en a au moins une, c'est un paradis pour les peintres !! La ville est bâtie sur plus de 46 collines. Il est donc facile de prendre de la hauteur et d'avoir une vue incroyable sur l'ensemble de la cité ! Ces lieux sont une véritable invitation à la chasse au trésor. Chaque recoin abrite une œuvre. Parfois minuscule, parfois gigantesque. Certaines sont à voir à la loupe, d'autres vous obligent à vous éloigner de plusieurs pâtés de maisons si vous voulez les observer dans leur totalité. Si vous avez la folle ambition de toutes les voir, il faudra sans doute passer deux fois dans chaque rue, dans des sens différents car certains petit bijoux sont bien cachés ! Un tour guidé de la ville m'emmène à la rencontre de ce petit port de pêche, ancien carrefour du commerce maritime sud-américain, avant la création du canal de Panama. Les artistes y sont nombreux mais pas seulement des peintres. Des musiciens, ça et là, chantent leur amour pour Valparaiso. Cette ville est très vivante ! C'est également ici que se trouve la brasserie à avoir inventé la toute première recette de bière 100% made in Chile ! En amateur de mousse que je suis, je ne pouvais pas ne pas la goûter !! J'en profite également pour goûter à d'autres spécialités locales telle que le pisco sour. Le pisco, c'est un vin blanc très (trop) jeune dont la particularité est d'être très fort en alcool (entre 35 et 40%). Il est typique du Chili, même si le Pérou en produit aussi. Le pisco sour est un mélange de ce vin donc et d'autres ingrédients tels que sucre, citron et œuf. Et si je ne vous donne pas la liste exhaustive, c'est parce que même les serveurs du bar n'ont pas été capables de me dire ce qu'il y a dedans !! On trouve également le piscola, mélange de pisco et de coca (honnêtement, ça a le même goût qu'un mauvais whisky-coca) et bien d'autres combinaisons avec tout un tas d'ingrédients plus farfelus les uns que les autres. Le Chili est vraiment riche en boissons et cocktails que vous ne trouverez que là-bas.

 

Cela fait trois jours que je suis au Chili et malgré toutes mes précautions, je n'arrive pas à bien gérer mon budget... Je me dis qu'il faut vite que je quitte la zone rouge Argentine-Chili. Je fais donc une croix sur Mendoza et Cordoba et prend un bus directement pour San Pedro de Atacama, tout au nord du pays. C'est reparti pour 25 heures de route... Et 25 heures, c'est long, très long. Et lorsque vous en êtes à 23 et qu'il est 22 heures, la vigilance baisse... Je m'en suis rendu compte lorsque le bus s'est arrêté dans une énième ville pour déposer et prendre des passagers. Je voyageais avec un couple d'allemands et nous étions assis au fond du bus. Un type est monté et s'est installé dans le seul fauteuil disponible derrière nous. Au même moment, à l'extérieur du bus, un autre homme habillé comme les employés de la société de transport nous fait signe de descendre, aux allemands et à moi-même. Pensant qu'il y avait un souci avec nos bagages, nous obtempérons. Une fois dehors, l'homme viens nous voir et commence à baragouiner quelque chose d'incompréhensible. Même si mon espagnol est loin d'être parfait, je me demandais s'il voulais vraiment nous dire quelque chose, d'autant plus qu'il me paraissait de plus en plus suspect, comme s'il voulait juste nous occuper pendant que... Oh non !! A peine ais-je compris je j'entends derrière moi l'allemande crier après l'homme monté un peu plus tôt dans le bus, maintenant en train de filer avec deux de nos sacs, dont mon sac photo ! Heureusement, la dame l'ayant vu à temps, elle pu lui agripper le bras et il laissa tout tomber avant de prendre ses jambes à son cou. Toutes nos affaires sont là, mais on l'a échappé belle. Une minute de relâchement et hop ! Il est vrai que j'étais peut-être un peu trop en confiance vu que, jusqu'ici, tout s'était très bien passé. Petit rappel à l'ordre peut-être pas inutile. J'arrive finalement à San Pedro de Atacama, au portes du désert le plus aride du monde.

la mamie de Valparaiso
la mamie de Valparaiso

San Pedro de Atacama, à environ 1100m d'altitude. Une bonne base pour les départs d'excursions dans le désert. C'est en ces mots que j'avais entendu parler de cet endroit effectivement archi-touristique. Le village en lui-même est plutôt pittoresque, en terre cuite et toits de chaume avec motifs incas un peu partout. Mais la magie ne prend pas vraiment quand on ne voit que des boutiques et des agences de voyage qui proposent toutes les mêmes souvenirs et excursions. Mais tant pis, de toutes façon, je ne compte pas m'attarder. Je fais un peu le tour des agences pour comparer les prix pour une excursion de trois jours et deux nuits à travers le sud de la Bolivie, jusqu'au salar d'Uyuni, le plus grand désert de sel du monde et un des principaux objectifs de mon voyage. Je trouve une offre intéressante et je réserve pour le lendemain. Il me reste toute l'après-midi devant moi et je décide de louer un vélo et d'aller faire un tour dans le désert (bah ouais, et alors?). Ayant entendu dire beaucoup de bien de la vallée de la lune, à quelques 16 kilomètres de là, j'enfourche mon bolide, les écouteurs vissés sur les oreilles et c'est parti ! Il fait beau, il fait bon, le vent est doux, la musique est bonne et le bonheur est au rendez-vous. La vallée de la lune porte bien son nom !! A peine entré, on s’imaginerait croiser un cosmonaute tellement les paysages sont... lunaires ! Formée majoritairement de sable et de sel fondu et cristallisé, la première partie de la vallée est essentiellement composée de grottes. Et c'est un vrai dédale ! S'il n'y avait pas de groupes de touristes dans le coin je me serais probablement perdu. En continuant un peu plus en amont, la roche saline laisse progressivement la place à des dunes de sables. La progression est de plus en plus difficile, ça grimpe et il fait de plus en plus chaud. Au bout d'un chemin, une dune qu'il faut grimper. Je n'en peut déjà plus mais j'y vais quand même. Grand bien m'en a pris. Au sommet de la dune, la vallée de la lune s'étend de tout son long et offre toute la diversité de ses paysages concentrés au même endroit, au pied de la dune !! D'un côté, un petit salar niché au cœur d'un canyon rocheux et de l'autre, la terre et la roche semblent avoir été les acteurs d'un violent combat il y a longtemps et ont laissé le paysage déchiré dans une beauté sauvage !! C'est époustouflant !!! C'est exactement le genre d'endroit où l'on se sent minuscule à côté de la majesté de la nature.

 

Je continuerai un peu la route, traversant le canyon et son salar mais je n'irai pas plus loin, je suis claqué, je n'ai plus d'eau, et il faut encore que je rentre. Je fais donc demi-tour et retourne péniblement jusqu'à San Pedro mais heureux comme un nabab. Je me dis à cet instant que si les trois prochains jours sont aussi bien que cette après-midi, ça va être absolument génial !

 

J'étais loin de me douter des merveilles que j'allais voir...

Écrire commentaire

Commentaires: 0